Don Juan,
Un séducteur aux multiples facettes

 

Dans un ballet à la beauté crépusculaire, le chorégraphe Johan Inger signe une adaptation contemporaine de Don Juan qui sonde la psychologie du personnage principal. Une pièce néo-classique, servie par la vitalité et la virtuosité des seize danseurs de la compagnie italienne Aterballetto.

Un mythe littéraire

Figure phare de la littérature espagnole, Don Juan apparaît pour la première fois au XVIIe siècle sous la plume de Tirso de Molina, dans la pièce : « El Burlador de Sevilla y el Convidado de Piedra », créée en 1630. Ce personnage de séducteur complexe, ne vivant que pour son plaisir et défiant la morale, l’ordre public et Dieu, devient un véritable mythe. En 1665, Molière reprend et adapte le texte dans « Dom Juan ou le Festin de Pierre » puis en 1787 Da Ponte en tire un livret que Mozart met en musique dans l’opéra « Don Giovanni ». Goldoni, Mérimée, Pouchkine, Byron, Baudelaire, Montherlant, Handke, Fellini, Bergman… il existe plus de cinq cents œuvres littéraires, musicales, picturales ou cinématographiques, inspirées de l’histoire du célèbre libertin.

 

Un nouvel éclairage

Face au défi de reprendre un mythe si connu, Johan Inger présente quelques variations qui modernisent la lecture de Don Juan. S’il se réfère à la pièce originale, le chorégraphe s’appuie sur une version plus singulière, celle de Suzanne Lilar intitulée « Le Burlador ou l’Ange du Démon » (1946). Ici pas de statue du commandeur, ni de justice divine mais un éclairage très œdipien. Pour Inger, le rôle maternel est ainsi central dans la construction de son Don Juan. Le vide affectif causé par son abandon fait de ce personnage, en quête perpétuelle d’amour, une figure résolument contemporaine. Sous cet éclairage psychanalytique, Don Juan apparaît certes comme un jouisseur arrogant, un noceur sans scrupules, mais aussi comme un personnage équivoque, fragile, hanté par la mort de sa mère. Cette ambivalence se reflète dans le rôle de Leporello/Leo, qui apparaît non plus comme le valet mais comme l’alter ego, la conscience de Don Juan, dans une lutte intérieure du bien contre le mal.

 

Une écriture néo-classique

En questionnant l’essence même de Don Juan, le chorégraphe suédois entraîne les seize interprètes de la compagnie italienne Aterballetto dans une œuvre à la fois traditionnelle et contemporaine. Connu pour son écriture néo-classique virtuose, teintée de l’influence de son père artistique Mats Ek, Johan Inger célèbre avant tout la puissance narrative de la danse. Sculptés par les clairs obscurs, les danseurs enchaînent pas de deux, grands sauts, solos intenses et scènes de groupes spectaculaires. La scénographie minimaliste, les costumes tout comme la musique, ne permettent pas d’inscrire cette production dans une époque précise car l’enjeu est bien de montrer l’actualité du comportement destructeur de Don Juan. Dans cet esprit atemporel, la partition de Marc Álvarez s’inspire ponctuellement des mélodies du Don Juan de Gluck en y mêlant des motifs plus contemporains. Un ballet sombre et intense qui marque le beau retour sur la scène française d’Aterballetto, après de nombreuses années d’absence.

 

DON JUAN

Samedi 12 novembre à 20h30
Dimanche 13 novembre à 14h30

 

aterballetto.it

 

Texte : Anne de la Giraudière
Images : Celeste Lombard et Viola Berlanda

 

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