XYNTHIA, L’ODYSSÉE DE L’EAU
Le spectacle qui décarbone l’opéra

Dans le giron de l’Opéra de Reims depuis 2018, le Collectif Io a mûri et fructifié. XYNTHIA, le spectacle qu’il présentera le 16 décembre, est une forme d’aboutissement artistique de sa résidence mais aussi le support d’une nouvelle démarche éco-responsable qui se veut communicative.

Entre opéra et théâtre, XYNTHIA constitue pour le Collectif Io une nouvelle expérience d’hybridation dans la lignée des précédentes (Le Miroir d’Alice, Quand tout sera blanc), qui mêle les arts, les thématiques, les partenaires. Sur scène : une comédienne, un danseur, quatre chanteurs et cinq musiciens, dont un interprète de Cristal Baschet et d’ondes Martenot. Ces deux instruments contemporains vont donner la coloration sonore recherchée par le compositeur Thomas Nguyen pour illustrer et soutenir le livret. Un livret dans lequel s’imbriquent le déchaînement des éléments (référence à la tempête Xynthia) et les tempêtes humaines (inspirées de L’Ennemi du peuple, d’Ibsen), sous les auspices d’Artemis (alias Cynthia), déesse de la nature.

L’eau omniprésente

Sur le plan environnemental, XYNTHIA représente un nouveau modèle de coproduction qui pourrait faire tache d’huile, notamment dans la perspective de « Reims 2028, capitale européenne de la culture ». Travailler sur la thématique de l’eau, omniprésente dans le spectacle, a exacerbé la conscience écologique du collectif qui, en parfaite intelligence avec les maisons d’opéra de Reims, Metz et Clermont-Ferrand, a décidé de transformer ses pratiques et de proposer au public de l’accompagner dans cette ambition. Si les matériaux naturels ou recyclés sont déjà privilégiés pour la confection des costumes et des décors (par exemple, le filet de pêche utilisé comme accessoire provient d’une association marseillaise de lutte contre la pollution marine), d’autres questions se posent encore : comment réduire la consommation d’énergie des projecteurs, comment faire évoluer les formes d’opéra pour qu’elles puissent se diffuser aussi en dehors des maisons d’opéra, etc. « C’est une nouvelle façon de penser le spectacle vivant, affirme Thomaas Nguyen. Mais on ne peut pas réfléchir tout seul si on veut étendre notre action et la projeter le plus loin possible. »

Un modèle reproductible

D’où la mise en place de nouveaux outils pour partager les enjeux, élargir le débat, mobiliser : deux causeries donnant la parole à des spécialistes* et susceptibles d’amener à l’Opéra un public différent ; une exposition visuelle et sonore à partir de témoignages d’habitants sur leur rapport à l’eau ; et une publication. Thomas Nguyen : « Nous allons éditer au premier semestre 2023 un manifeste basé sur notre démarche autour XYNTHIA, nos intentions, nos expérimentations, et sur ces paroles d’habitants que nous aurons collectées. Notre but est de laisser une trace qui subsiste après la création et de proposer un modèle reproductible ailleurs. » Impliqué dans un groupe de travail national sur la décarbonation culturelle, le jeune compositeur rémois a aussi ouvert localement le chantier de la mobilité des spectateurs. Et se prend à rêver de formules incitatives, comme coupler un billet à l’Opéra et un ticket de transport public en programmant, pourquoi pas, un happening musical dans le trajet aller pour mettre les gens en condition avant le spectacle.

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*Vendredi 7 octobre à 18h : Quel futur pour l’opéra face aux enjeux sociaux-écologiques ?

Samedi 3 décembre à 14h : La préservation de la qualité de l’eau et des intérêts économiques du territoire

XYNTHIA, L’ODYSSÉE DE L’EAU

Vendredi 16 décembre à 20h30

 

 

collectif-io.fr

 

Texte : Catherine Rivière

Image : Benoît Pelletier

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