LES MONTS DU REUIL
UNE COMPAGNIE EN RÉSIDENCE

 

Interview d’Hélène Clerc-Murgier,
Co-directrice de la Compagnie Lyrique les Monts du Reuil

 

Spécialiste du répertoire de la fin du XVIIIe siècle, la Compagnie Lyrique les Monts du Reuil, en résidence à l’Opéra de Reims, déniche chaque année des trésors oubliés de l’opéra comique français. Le 30 janvier était ainsi prévue la première du « Magnifique » d’André Grétry, un ouvrage réjouissant inspiré d’un conte licencieux de La Fontaine. En raison du contexte sanitaire, la représentation a dû être annulée mais Hélène Clerc-Murgier, claveciniste et co-directrice des Monts du Reuil, ne manque ni d’énergie, ni de projets…

 

La crise sanitaire interdit encore une fois que les spectacles aient lieu. Comment vivez-vous cette situation ?

Au fil des mois, nous oscillons entre espoir et résignation un peu triste. Depuis le deuxième confinement, nous avons pu au moins nous retrouver entre artistes pour travailler ensemble. Faire de la musique est une consolation mais le lien avec le public nous manque énormément. Cela a été un immense bonheur de pouvoir jouer Le Chat botté à Reims en octobre pendant la courte période d’ouverture des salles de spectacle. Aujourd’hui, nous nous concentrons sur nos projets pour continuer à inventer le futur.

 

Depuis la création des Monts du Reuil en 2007, vous avez remis en lumière des ouvrages oubliés de l’opéra comique français. D’où vient votre passion pour ce répertoire ?

Dans le renouveau qu’a connu la musique baroque ces trente dernières années, nous nous sommes rendu compte avec Pauline Warnier (violoncelliste, co-fondatrice et directrice artistique des Monts du Reuil) qu’il y avait tout un pan du répertoire encore méconnu en langue française, ce qui est important pour des spectateurs qui n’ont pas l’habitude d’aller à l’opéra. La beauté de la musique, la qualité des livrets de cette époque et des thèmes universellement connus comme Cendrillon, Barbe Bleue ou Guillaume Tell offraient un formidable terrain pour toucher un large public tout en mettant en lumière de très talentueux librettistes et compositeurs français de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, comme le duo Sedaine et Grétry que nous adorons.

 

Chacune de vos productions lyriques demande un important travail de recherche. Comment procédez-vous ?

Nous effectuons des recherches en bibliothèques pour trouver des partitions qui nous inspirent puis nous travaillons tant au niveau du livret, avec le dramaturge Pierre Daubigny, pour comprendre la signification et le contexte des oeuvres au moment de leur création qu’au niveau de la musique pour décoder les mystères de l’interprétation et de l’esthétique du chant au XVIIIe siècle. Cette année, nous voulions fêter le 400e anniversaire de Jean de La Fontaine et parmi tous les opéras inspirés par le grand fabuliste, nous avons choisi Le Magnifique de Grétry et L’Eclipse totale de Dalayrac sur lequel nous avons travaillé étroitement avec le musicologue Riadh Mtirawi, en partenariat avec le CNRS, la Sorbonne, la BnF et l’Iremuse. Cet opéra inédit sera donné la saison prochaine à l’Opéra de Reims.

 

Parallèlement à cette exigence musicale, vous n’hésitez pas à offrir une vision innovante des oeuvres, à travers des mises en scène assez audacieuses ?

L’esprit de ces ouvrages, aussi drôles que lyriques, favorise une dimension théâtrale que nous aimons développer avec des metteurs en scène aux univers variés. Du regard décalé et très contemporain de Stephan Grögler pour Le Magnifique à l’approche inventive de Vincent Tavernier pour L’Eclipse totale, chaque mise en scène apporte un point de vue original sur les oeuvres, avec une particularité : les musiciens sont toujours intégrés sur scène et participent à l’action. Pour notre hommage à La Fontaine, nous avons aussi imaginé un ciné-opéra autour des fables, Le Fabulatographe, dans lequel les instrumentistes et la chanteuse jouent en immersion dans l’univers projeté.

 

Après ces trois spectacles autour de La Fontaine, avez-vous déjà de nouveaux projets ?

Nous avons en ligne de mire La Mille et Deuxième Nuit, un opéra-comique de Jules Verne qui ne fut jamais représenté. Nous avons envie de créer un spectacle autour de l’univers des Mille et Une nuits et réfléchissons au choix du répertoire pour ce nouvel opéra prévu pour la saison 2022/2023.

 

Vous êtes depuis maintenant six ans en résidence à l’Opéra de Reims. Que vous apporte cet accompagnement ?

Cette résidence, doublée aujourd’hui d’une deuxième résidence au théâtre Les 3 Scènes de Saint-Dizier, nous donne la possibilité de proposer chaque saison un nouvel opéra, de répéter de manière régulière et de rayonner sur tout le territoire grâce à des actions conjointes. Nous menons aussi tout un travail pédagogique, avec notamment Collèges en scène, qui permet de sensibiliser les enfants à l’univers lyrique et de monter des spectacles musicaux, comme Le Petit Tell.

 

Co-directrice des Monts du Reuil et claveciniste, vous êtes aussi auteur de romans policiers historiques qui ont pour cadre Paris au XVIIe siècle. Comment conciliez-vous ces différentes activités ?

Pour mes romans, j’ai vraiment une démarche de documentariste. Au fil de mes recherches, je trouve des histoires qui nourrissent mes livres. Je connais moins le répertoire du XVIIe siècle que du XVIIIe mais je parle de plus en plus de l’univers de la musique dans mes romans. Après L’affaire Chevreuse, je prépare un quatrième roman, toujours centré sur les aventures du lieutenant Jacques Chevassut sous le règne de Louis XIII.

 

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Texte : Anne de la Giraudière
Images : Florent Mayolet

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