Sens dessus dessous,
L’histoire d’un sous-titre à l’opéra

 

Der Vogelfänger bin ich ja ! Gaiement, l’opéra de Mozart « La Flûte enchantée » s’ouvre sur ces mots. « C’est moi le joyeux oiseleur », peut-on lire en sous-titre d’une captation. Si l’opéra nous émerveille de chant, de danse, de théâtre, de costumes… on en oublie parfois les nuances plus subtiles qui participent à cette magie. Les sous-titres et surtitres. Travail d’orfèvre à part entière, Sophie Hagemann nous entraîne dans les coulisses de ce métier solitaire et discret qui permet au spectateur de pénétrer un peu plus dans l’histoire qui le fait vibrer.

« C’est la musique qui porte les sous-titres. Le sens du rythme est au centre de l’exercice et guide les mots. » Doctorante en musicologie, spécialisée dans l’opéra romantique allemand, Sophie Hagemann était loin d’envisager une carrière dans le sous-titrage. Après une expérience de directrice culturelle dans la fonction publique, elle fait la rencontre il y a trois ans de Richard Neel, inventeur du sous-titrage à l’opéra. Jeune anglais diplômé de langues à Oxford, c’est auprès de Pierre Bergé, à l’époque président de l’Opéra Bastille, que naît l’idée d’élaborer une solution pour mieux comprendre les opéras. Richard Neel va alors mettre en place des logiciels pour introduire les textes durant les représentations et ainsi changer notre rapport au spectacle depuis 30 ans.

C’est suite à cet échange que Sophie Hagemann se lance dans l’art du sous-titre à l’opéra. Une mission qui se décline sous plusieurs facettes. La première se joue au cœur des maisons d’opéra, lorsque l’on est en salle. On parle alors, plus exactement, de « surtitre ». Pour se faire, elle prend possession de la partition. Vierge au commencement, elle va l’annoter de croix pour dessiner son découpage. Selon la langue originale et la, ou les langues souhaitées, l’adaptation est envoyée en traduction. Si celle-ci ne fait pas partie de sa fonction, elle se doit néanmoins de jongler avec les nuances linguistiques. En italien, une phrase sera plus concise qu’une phrase en allemand par exemple. La traduction opérée, elle doit donc ajuster ses sous-titres et la langue selon le format sous lequel sera projeté le texte. Quel type d’écran, combien de lignes, de caractères, de langues ? Autant de variations qui fluctuent d’un opéra à l’autre.

Une fois actée, la partition peut passer entre les mains du topeur, et subir les derniers tests techniques lors de la représentation générale. Le topeur est celui qui active et désactive manuellement les surtitres projetés en fonction du spectacle. Là encore, l’oreille musicale est cruciale, afin de pouvoir s’accorder correctement et réagir en cas d’aléas. « Le surtitre doit être lisible, mais calé en même temps que la musique. Si on n’est pas au même rythme que la musique, c’est vraiment gênant », insiste Sophie Hagemann.

Les autres facettes qui composent le métier de sous-titrage sont liées à la télévision. Qu’il s’agisse d’une retranscription en direct ou d’une captation, Sophie Hagemann doit reproduire le même processus de création, en ajoutant comme contrainte l’écran. Un travail de post-production dont les opéras sont de plus en plus friands pour satisfaire leurs spectateurs et en acquérir de nouveaux. Depuis 30 ans, les sous-titres en salle comme à la télévision participent à la démocratisation de l’opéra ; ils permettent de lever une barrière pour s’intéresser à cet art complet et incitent les moins initiés à venir le découvrir. Avec cette diversification des médiums, cette généralisation des sous-titres, ou encore les tarifs plus avantageux, l’opéra se veut ouvert et accessible face à un public pluriel. Autrefois jugé impénétrable, il est aujourd’hui possible de s’y lover, dans un fauteuil comme dans son canapé. Quel que soit la porte d’entrée que l’on empreinte, de la salle à l’écran, le choix le plus important reste celui du récit que l’on désire voir.

 

Texte : Marie-Charlotte Burat
Images : Sophie Hagemann

 

 

 

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