La Sonnambula,
Un rêve éveillé
En mai, l’Opéra de Reims vous propose de découvrir l’une des plus belles pages lyriques du romantisme italien avec La Sonnambula, un opéra semiseria en deux actes de Vincenzo Bellini.
L’histoire
Dans un village suisse au début du XIXème siècle, les villageois célèbrent les fiançailles d’Amina avec le jeune Elvino dont Lisa, l’aubergiste, est également amoureuse. Survient alors le comte Rodolfo, de retour au pays. En complimentant Amina, il provoque la jalousie d’Elvino, et quand on découvre Amina endormie dans la chambre du comte le jaloux Elvino devient désespéré. Tout accuse l’innocente Amina malgré les explications de Rodolfo qui a reconnu l’étrange maladie dont souffre la jeune fille. Elvino, persuadé d’avoir été trahi, envisage d’épouser Lisa…
Un thème : Le somnambulisme
L’héroïne Amina, somnambule, s’échappe de sa chambre et devient une autre à la nuit tombée. C’est la magnifique interprétation de Maria Callas en 1955 à la Scala de Milan, qui a permis au grand public de redécouvrir cet opéra un peu oublié. La Sonnambula connut pourtant un succès considérable durant tout le XIXème siècle. Le thème du somnambulisme fascinait l’époque avide de phénomènes mystérieux proches du surnaturel. Il y a du rêve éveillé dans cette céleste partition de Vincenzo Bellini, ce dont va s’emparer pleinement la metteure en scène Francesca Lattuada : « Le génie spatial du rêve est de ne pas connaître de bord. Le rêveur s’y tient comme un funambule dans un tableau de Piranèse ou sur le fil du rasoir comme Amina lors de sa seconde apparition fantomatique. » La cheffe d’orchestre, Beatrice Venezi assure la direction musicale de l’œuvre. Aujourd’hui, elle est une des rares femmes à diriger des orchestres de renommée internationale. Sur scène ce sont cinq chanteurs lauréats du 27ème Concours international de chant de Clermont-Ferrand (juillet 2021), qui interpréteront les rôles principaux.
Entre rêve et réalité
À partir d’un livret simple de Felice Romani – un couple d’amoureux va se marier mais la jalousie du fiancé retarde les noces –, Bellini a composé l’une des plus belles pages lyriques du romantisme italien. Jamais peut-être le chant n’avait rayonné avec autant de pureté que dans ce rêve éveillé, où l’âme entière de l’héroïne semble affleurer à chaque note. En dépeignant un monde cruel où la fragilité et la douceur ont bien du mal à se faire entendre, il explore toutes les possibilités musicales pour traduire les états d’âme d’Amina, victime innocente d’un mal inconnu, cette somnambule qui s’échappe de sa chambre et devient une autre à la nuit tombée.
« C’est dans le cadre d’un village suisse que La Sonnambula est censée se dérouler, sans précision de date. Pour un Sicilien tel que Bellini, issu d’une insularité propice aux sautes d’humeur de l’Etna – produit d’une nature éruptive, en somme – un village suisse ne saurait mieux définir un non-lieu. À moins d’un ‘ailleurs’, en outre marqué d’une inquiétante étrangeté. Autant dire que cet espace mental onirique – si peu réaliste – doit se déployer hors de tout naturalisme. L’espace y prend forme sous la conduite du rêve lui-même. Car on y parle aux fleurs, on y parle aux étoiles, dans une relation quasi animiste au monde. Comme pour tout rêve, le sens en est codé. Comme en tout rêve, la clé du code a pour nom Désir, et les deux manifestations de somnambulisme sont la forme spectaculaire de son incarnation. » En quelques mots, Francesca Lattuada, chorégraphe et metteure en scène, pose les enjeux de cette production, fruit de la collaboration de huit maisons d’Opéra. Les lauréats du 27ème Concours international de chant de Clermont-Ferrand auront ainsi à braver les incroyables difficultés techniques imposés par le compositeur tout en privilégiant l’expression des sentiments.
LA SONNAMBULA
VENDREDI 13 MAI À 20H30
DIMANCHE 15 MAI À 14H30
CHANTÉ EN ITALIEN, SURTITRÉ EN FRANÇAIS
Images : Yann Cabello
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