Françoise Lasserre
Directrice de l’Ensemble Akadêmia


À l’occasion de la représentation le 4 février du Chant d’Orphée, nous revenons sur le parcours de Françoise Lasserre, directrice de l’ensemble Akadêmia depuis plus de 35 ans.


Commencements

Je fais partie de la troisième génération de « baroqueux ». Tous ces ensembles se sont constitués autour de la personnalité d’un chef, le répertoire d’Akadêmia est celui que j’ai choisi. Je suis « entrée » dans le baroque en travaillant à la Chapelle Royale dirigée par
Philippe Herreweghe. J’avais autour de 20 ans, j’étais flutiste, quand un jour un camarade m’a parlé d’un choeur amateur en recherche d’un chef à Troyes. J’ai été prise et je me suis donc formée à la direction d’orchestre à l’École Normale de Musique, car la direction de chœur n’était pas enseignée. Parallèlement, je préparais aussi les chœurs pour « Michel Corboz. C’est comme ça que tout a commencé.
C’est en 1986, que j’ai proposé à la région Champagne-Ardenne, sous la présidence de Bernard Stasi, de créer « L’Ensemble vocal de Champagne-Ardenne » qui a été aussi fortement soutenu par l’ORCCA alors naissant.

Akadêmia

Nous sommes un ensemble « intermittent », professionnel et toujours en mouvement. Les artistes avec qui je travaille ne sont pas attachés à Akadêmia, ils voyagent. Chaque ensemble d’intermittents est riche de ça, nous additionnons et échangeons nos expériences. Nous vivons bien car nous partageons de la complicité.
Akadêmia est mon projet mais, dans la réalisation, je crois que chacun à sa part. Bien sûr, je choisis le programme, je choisis chaque interprète, mais nous travaillons dans l’esprit de la musique de chambre, chacun peut apporter ses idées même si, parfois, je dois trancher. En concert, mon rôle
est que ce soit encore un peu mieux, j’aide pour que tout soit possible et que les énergies de chacun, envoyées vers moi, soient ensuite adressées au public, c’est une sorte de construction en faisceaux. La marque de fabrique actuelle d’Akadêmia est de mettre le répertoire ancien aux prises avec des formes plus contemporaines  ou
d’autres civilisations .

Cheffe

Je n’ai jamais considéré qu’être une femme cheffe posait un problème.
Je ne suis pas dans le milieu des orchestres classiques où parfois le chef est seul contre tous. Je suis avec tout le monde, je rentre en scène avec les musiciens, nous sommes dans le même bateau, il n’y a pas de test, nous travaillons ensemble, à une oeuvre commune.
Mon ambition n’est pas une ambition de pouvoir. Ce qui m’importe c’est de réaliser le projet qui me semble juste, dans le respect de chaque musicien.

Baroque

L’originalité de ces ensembles de musique baroque a été de ne pas se contenter du legs d’une certaine tradition.
Par exemple, on jouait Bach mais on ne s’était pas soucié de savoir pour quels instruments il avait composé, et dans quel contexte il avait réalisé ses écrits. Ce qui nous mène, est de réinterroger toujours les acquis. Pour chaque compositeur, nous devons comprendre son temps et les artistes qui étaient présents.
Toujours se demander D’où ça vient ? Comment l’oeuvre s’est construite ? Pourquoi est-elle comme ça ? Il faut explorer pour ne pas jouer toujours les mêmes œuvres, pour découvrir des compositeurs moins exposés. Nous devons aussi faire attention à ce que le répertoire ne se standardise pas trop autour de la musique dite virtuose. La musique sacrée peut être une réaction contre la standardisation. Nous devons accumuler des connaissances en allant dans les bibliothèques européennes ou, aujourd’hui, sur internet, pour ensuite nous sentir libres d’adapter ces oeuvres à notre temps ou à son propre sentiment.
Avec Akadêmia, nous recherchons une certaine authenticité, une honnêteté pour être passeur de tout ce savoir.

Akademia.fr

Texte — Anne de la Giraudière

 

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